jeudi 21 décembre 2017

INTERVENTION CONSEIL MUNICIPAL 14 DÉCEMBRE : RYTHMES SCOLAIRES



Modification des horaires scolaires à compter de la rentrée 2018-2019

Monsieur le Maire, 
Mesdames et messieurs les adjoints et conseillers municipaux, 
Mesdames et messieurs les auditeurs du public, 

Nous souhaitons expliciter notre décision de vote concernant la modification des rythmes scolaires en mentionnant qu’elle s’inscrit dans une prise en compte de la complexité de la question posée, des enjeux nombreux et parfois contradictoires qu’elle recouvre. Mais également qu’elle prend en compte la réponse des parents d’élèves au questionnaire de la mairie. Même si, sur ce dernier point, nous pensons que ce questionnaire aurait pu être accompagné d’éléments plus explicites sur les enjeux sous-jacents et d’échanges éclairants.
Nous voulons d’abord rappeler que l’organisation actuelle des rythmes scolaires fait partie intégrante des réformes induites par la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013, « loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la république ». Une loi publiée après plusieurs mois de débats parlementaires dans les deux chambres et sans qu’elle ait été déférée au Conseil constitutionnel par l’opposition. 
Cette loi (qui est toujours en vigueur) vise à « améliorer les résultats des élèves et à renforcer l'équité de notre système éducatif pour les élèves et pour le pays » : projet ambitieux, juste au sens de la justice sociale, nécessaire. N’oublions pas en effet, qu’en 2013, 62% des enfants de cadres mais seulement 31 % des enfants d’ouvriers ou d’employés obtenaient un diplôme de l’enseignement supérieur ; que 77% des enfants de cadres mais seulement 35% des enfants d’employés ou d’ouvriers obtenaient le baccalauréat ; que 12% des jeunes de 18 à 24 ans quittaient le système scolaire avec au mieux le brevet. En 2017, bientôt 2018, les choses n’ont pas eu le temps de s’améliorer notablement et d’ailleurs nous n’avons pas le recul pour les observer en fin de parcours. 
La loi de Refondation de l’école a une dimension systémique. Elle définit des orientations selon une stratégie d'ensemble qui porte sur les différentes composantes du système éducatif. Elle a mis en place de manière concomitante un grand nombre de réformes qui concourent toutes à l’objectif de réussite de tous les élèves, postulant que cette réussite dépend de nombreux facteurs. J’en cite quelques-uns : la priorité à l’école primaire, la réorganisation des cycles, avec le fameux cycle 3 (CM1, CM2, 6ème) qui facilite le passage école-collège parfois très difficile, la scolarisation des moins de 3 ans, la refonte des programmes (dont ceux de l’école maternelle qui prennent bien en compte les besoins et possibilités d’apprentissages des jeunes enfants), la mise en place de l'enseignement moral et civique (EMC) qui amène les élèves à devenir des citoyens responsables et libres, à adopter un comportement réfléchi, qui leur donne une formation aux valeurs de la République et, j’en viens au sujet, la réforme des rythmes scolaires.
La réforme des rythmes scolaires, toujours en vigueur elle aussi (n’oublions pas que vous demandez une dérogation à la loi par cette délibération), comporte un volet organisationnel (cinq matinées de classe avec raccourcissement de la journée scolaire), et un volet complémentaire, la mise en place du périscolaire. 
Sur cette réforme nous entendons très souvent deux arguments négatifs : les élèves sont fatigués et le coût du périscolaire est trop lourd pour les municipalités. Concernant ce dernier point, vous voudrez bien nous dire, monsieur le maire, quel usage vous feriez des économies qui seraient réalisées en cas de suppression du périscolaire dans sa dimension actuelle.

En ce qui nous concerne, nous voulons d’abord rappeler les raisons fondées sur la recherche scientifique qui ont induit la réforme des rythmes scolaires. Il est avéré que les écoliers français avaient un nombre de jours de classe trop limité sur l’année (134 contre 187 en moyenne dans les pays de l’OCDE) et que l’organisation de leur temps scolaire ne respectait pas leurs possibilités de concentration sur les apprentissages. En ce qui concerne la journée, la matinée est un temps de forte vigilance (de 9h à 11h30 particulièrement) et l’après-midi un temps de faible vigilance d’où l’intérêt de proposer 5 matinées au lieu de 4 et de limiter les apprentissages attendus dans l’après-midi. En ce qui concerne la semaine, le lundi est un jour de faible vigilance en lien avec la désynchronisation consécutive au week-end, les mardi, mercredi, jeudi sont des jours de forte vigilance, le vendredi un jour de faible vigilance en raison de la fatigue de la semaine. Dire que les enfants sont fatigués parce qu’ils vont à l’école le mercredi ne doit pas amener, bien sûr, à une posture de déni de cette parole mais à une interrogation sur leur sommeil en général et à une autre interrogation sur ce qu’ils font quand ils ne vont pas à l’école le mercredi matin (encore une fois sans propos accusateurs envers les parents mais dans une écoute de leurs préoccupations). Cela n’empêche pas d’affirmer que le mercredi matin est un très bon temps pour apprendre. Cela permet aussi de rappeler que la réponse apportée à la garde des enfants le mercredi est souvent le travail à temps partiel de la mère, induisant un déséquilibre de l’implication dans la sphère professionnelle qui n’est pas pour nous un bon modèle de société. Mais revenons à notre sujet : tous les élèves sont impactés (positivement ou négativement) par ces organisations temporelles, tous et en particulier les élèves les plus fragiles, les moins à l’aise dans l’apprentissage, ceux des milieux défavorisés que nous devons soutenir le plus. Choisir les plus mauvais rythmes scolaires, c’est pénaliser les élèves les plus en difficulté. 
Quant au périscolaire, que notre équipe précédemment en responsabilité municipale avait mis en place de manière très engagée, il vise à bien autre chose que la « garde des enfants après la classe » (même si cette question est de grande importance) ; bien autre chose que la réalisation des devoirs qui sont interdits depuis…1956 et pour lesquels, encore un fois, la recherche s’est prononcée sur leur caractère inutile, voire contreproductif (rappelons-nous la scène des devoirs dans le film « Etre et avoir »…) et inéquitable quand ils reposent sur la compétence et/ou la patience des parents (des mères…). 
Le périscolaire bien pensé, c’est une valeur ajoutée éducative qui développe des compétences utiles pour bien réussir à l’école ; c’est la possibilité pour tous les enfants d’en bénéficier ; c’est le rapprochement de l’Ecole (avec un grand E) et d’autres ressources (municipales, associatives, bénévoles) qui convergent vers un même objectif de développement de l’enfant dans tous les domaines possibles : intellectuel, physique, social, culturel, moral… ; c’est l’obligation d’instaurer la complémentarité entre ces deux mondes, la possibilité donnée à l’école de s’ouvrir ; c’est la possibilité pour les parents de rentrer autrement dans l’école, de parler autrement avec les enseignants ; c’est la possibilité pour les enfants de vivre des expériences différentes du vécu en classe et donc pour certains de se réconcilier avec l’école, d’y vivre bien. Ce dernier point est fondamental : des études ont montré que la lutte contre le décrochage scolaire (qui doit être traité dès l’école primaire et non pas seulement au collège où, en fait, il est déjà trop tard), passe par cette question du « bien-être » à l’école. Les pays qui ont travaillé à cette question, la Norvège par exemple, d’une école où l’on se sent bien, où on ne vient pas seulement pour étudier, ont vu baisser leur décrochage scolaire de manière notoire. Sans le périscolaire, l’activité éducative sera rendue à la seule responsabilité des parents ce qui aboutira, nous le savons tous, à des choix ou des possibilités inégalitaires selon l’organisation et les moyens familiaux. Aussi nous vous engageons à maintenir un périscolaire de qualité.

Abandonner les cinq jours de classe hebdomadaires, renoncer éventuellement à un périscolaire éducatif ouvert à tous, c’est renoncer à toutes les valeurs ajoutées qui en découlent. Pour l’ensemble de ces raisons mesdames et messieurs, nous sommes déçus que l’actuelle équipe municipale de Chassieu participe à la déconstruction d’un des éléments primordiaux de la loi de Refondation de l’école et nous nous abstiendrons sur cette délibération.














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